Il existe des
prisons dans tous les pays du monde, quelque soit l’idéologie dont il se réclame.
Pourtant, face à la montée de la violence et à l’accroissement de la
criminalité, il semble bien que l’arsenal des moyens dont dispose la justice,
et dont la prison fait partie, se révèle souvent inefficace.
Le système
pénitentiaire à la veille du 19e siècle
L’origine des
prisons remonte à la plus haute antiquité. Toutefois, jusqu’à la fin du XVIIIe (18e)
siècle, les prisons étaient considérées plus comme une mesure de sureté et
d’intimidation que comme un moyen d’amendement. Cela s’explique par le fait qu’on
y plaçait les individus attendant d’être jugés ou de subir un châtiment
corporel (potence, roue, poing coupé, langue percée d’un fer chaud…), ou ceux
qui étaient mis arbitrairement au cachot sur l’ordre de l’autorité souveraine.
Au XVIIIe siècle,
les idées en matière de peine ont subi une profonde évolution. Dès 1703, le pape Clément XI faisait écrire ceci sur les murs de la prison
Saint-Michel à Rome : « Il ne suffit pas d’effrayer les hommes malhonnêtes
par la menace de la peine, il faut les rendre honnêtes par son régime.»
Sous l’influence de certains théoriciens,
notamment de l’Italien Beccaria, qui préconisait l’emprisonnement, et de
l’Anglais Howard, qui recommandait le travail et l’éducation religieuse pour
amender les coupables, la législation pénale s’adoucit dans la plupart des pays
à la fin du XVIIIe et au début du XIXe (19e) siècle. De nombreux cas de peine
de mort ont été abandonnés, les châtiments corporels ont été remplacés par les
peines privatives de liberté qui sont devenues la sanction normale des crimes
et des délits. Toutefois, comme les châtiments corporels, ces peines visaient à
provoquer la souffrance physique et morale du coupable. Tous les condamnés étaient
réunis en permanence dans un même lieu. Tout au plus, on séparait les hommes
des femmes. Les prisonniers étaient souvent livrés à eux-mêmes et souvent
maltraités à juste titre qu’ils ne recevaient que le minimum vital pour la
nourriture. Voici un peu comment était le système pénitentiaire en vigueur à la
fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. Ce système a lentement régressé, car
il était lié aux institutions monarchiques et il était aussi influencé par la
conception chrétienne du rachat des fautes par la mortification.
L’initiative de
mesures de réformes pénitentiaires
L’idée d’une
reforme du régime pénitentiaire est venu des États-Unis, où deux méthodes ont
été expérimentées. L’une est née à Philadelphie en 1829 et a reçu le nom de «système
pennsylvanien». L’autre, mise au point à la prison d’Auburn dans l’État de
New York, vers 1825 a été désignée
sous le terme de «système auburnien».
Cela dit, le système pennsylvanien obéissait à un principe unique et rigoureux.
Entre autres, les détenus devaient être soumis à un isolement absolu, de jour
comme de nuit. Aussi, ils étaient astreints à de durs travaux, malgré la
difficulté de trouver des tâches adaptées à ce mode de réclusion. Or, si l’isolement protège contre les
dangers de corruption que présente la fréquentation d'autres détenus, il peut
conduire certains individus au bord de la folie. Par ailleurs, la mise en œuvre
d’un tel système était forcement très couteux. Pourtant, ce système a connu une
certaine faveur au XIXe siècle, surtout en Europe et particulièrement en
France. Quant au système auburnien, il avait un caractère moins sévère, car les
détenus étaient isolés en cellules la nuit seulement. Dans la journée, ils
travaillaient et prenaient leur repas en commun. Mais ils devaient respecter un
silence absolu. Ce régime, qui avait l’avantage de faciliter l’organisation du
travail a été très souvent préféré au système pennsylvanien aux États-Unis.
L’évolution de
méthodes d’emprisonnement
Ce n’est que dans
la seconde moitié du XIXe siècle que l’intention d’amender par l’emprisonnement
se dégage véritablement. Elle a grandement inspiré les créateurs du régime progressif,
ou régime irlandais. Celui-ci combinait les avantages des systèmes précédents :
partant de l’isolement complet, on
conduisait les prisonniers à la liberté en passant par différentes étapes, de
moins en moins sévères. La bonne conduite du sujet était la condition de sa
progression, et le retour à la liberté était sa progression, et le retour à la
liberté était précédé d’une sorte d’apprentissage (travail à l’extérieur de la
prison, liberté surveillée). Si l’attitude des délinquants le justifiait, ils
pouvaient bénéficier d’une mise en liberté conditionnelle. Ce système, assez
libéral, a été largement expérimenté.
Parallèlement,
une toute autre méthode a été mise en pratique dans les pays qui possédaient
des colonies, comme la France, l’Angleterre et la Russie. Elle constituait à déporter
dans ces territoires, les condamnés dont on voulait se séparer définitivement.
Les détenus étaient soumis aux travaux les plus rudes (terrassement, extraction
des roches). Ils remplaçaient les esclaves et exploitaient les richesses d’un
pays où le séjour était rendu pénible par les conditions climatiques. Ainsi,
les établissements pénitentiaires français de Nouvelle-Calédonie, de Guyane, où
étaient enfermés les condamnés aux travaux forcés, fournissaient une
main-d’œuvre gratuite à ces régions lointaines.
L’apparition de
la notion de traitement pénitentiaire
Vers la fin du
XIXe siècle, les mouvements positiviste et scientifique, inspirés des travaux
de l’Italien Lombroso, ont conduit à
l’étude méthodique de la personnalité des délinquants. La notion de rééducation
a été alors pensée, et l’on s’est efforcé de lui donner une forme plus positive,
plus active. Un comité anglais a insisté sur la nécessité de faire sortir de
prison des hommes et des femmes meilleurs qu’ils ne l’étaient en y entrant. C’est-à-dire,
en fait, mieux armés moralement. De son côté, le Français Saleilles soutenait que la souffrance est inutile pour transformer le criminel en honnête homme.
Peu à peu, on a vu apparaître et se développer, jusqu’à nos jours, la notion de
traitement pénitentiaire.
Bonjour,
RépondreSupprimerJe suis étudiante chercheur et mes travaux portent sur la récidive chez les délinquants mineurs.
Comment puis Je citer ce blog?
Bonjour je suis étudiant chercheur mes travaux portent sur le traitement des prisonniers dans les centres carcéraux
RépondreSupprimer