La population carcérale est jeune et est essentiellement masculine. Selon des données statistiques, moins de 4 % des personnes détenues sont des femmes, et environ 45% des personnes détenues ont moins de 30 ans. On y retrouve des enfants vivant en prison avec leur mère.

L’effectif carcéral

La Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA) accueille à elle seule en moyenne 51% de la population carcérale. La MACA est ainsi confrontée à une surpopulation permanente 1948 places de capacité d’accueil pour 5m² de cellule par détenu. La surpopulation subsiste pour des raisons liées au flux croissant des longues peines prononcées par les juridictions de jugement, à la lenteur des procédures judiciaires, à la fréquence accrue de la détention abusive ou injustifiée, à l’absence de tenue régulière des sessions de la cour d’Assises et l’inactivité des organes chargés de l’application des peines, relativement à la mise en œuvre des mesures d’individualisation de la peine (Libération conditionnelle, semi-liberté, placement à l’extérieur).

Les détenus en détention préventive

La répartition des détenus en fonction de leur situation judiciaire révèle 71% de condamnés et 29% de prévenus. Les prévenus, pour des raisons liées au surpeuplement, ne sont pas séparés des condamnés. Ils sont soumis au même mode de gestion que les condamnés. Un autre aspect, non moins important, lié au délai de la détention préventive mérite d’être soulevé. Les délais de la détention préventive tels qu’ils sont prescrits par les articles 138, 139 140 du code de procédure pénale ne sont pas souvent respectés. Il a été dénombré dans de nombreux établissements des prévenus en détention injustifiée. Cela peut contribuer à des allégations de violations des droits de l’homme, mais aussi créer des tensions au sein de la population carcérale (rebellions, mutineries et évasions).

Les femmes et les mineurs

Les femmes détenues sont systématiquement séparées des détenus de sexe masculin, mais, dans de nombreux établissements, elles sont supervisées pendant la nuit par des membres du personnel de sexe masculin pour pallier l’insuffisance du personnel féminin. Elles sont gérées, de manière générale selon une perspective masculine. Cela se traduit par une discrimination dans leur prise en charge à plusieurs niveaux : hébergement, soins médicaux, sécurité, accès égal aux activités, fouille et leur préparation à la sortie. Celles d’entre elles qui vivent avec leurs enfants ne bénéficient généralement pas d’un traitement spécial dans l’intérêt de l’enfant.


S’agissant des mineurs, la législation pénitentiaire ivoirienne établit expressément qu’ils doivent bénéficier « d'un régime particulier » lorsqu’ils sont détenus et elle précise que leur séparation doit être réalisée « aussi complètement que possible » (art 7, 33 et 36 du décret 69-189 du 4 mai 1969 portant réglementation des établissements pénitentiaires et fixant la modalité d'exécution des peines privatives de liberté). Cette disposition est contraire au principe établi par l’art. 37 (c) de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant ratifiée par l’État de Côte d’Ivoire qui établit que « tout enfant privé de liberté sera séparé des adultes ». Cette séparation est difficile à réaliser étant donné le surpeuplement des maisons d’arrêt, le nombre insuffisant d’agents pénitentiaires et le manque de moyens matériels dont dispose l’Administration Pénitentiaire. Des efforts ont néanmoins été réalisés grâce à l’intervention d’organisations non gouvernementales telles que le Bureau International Catholique de l’Enfance (BICE) et Prisonniers Sans Frontières (PRSF). Huit maisons d’arrêt et de correction disposent maintenant de sections réservées aux mineurs tandis que les mineurs détenus dans les autres maisons d’arrêt bénéficient d’une cellule spécifique, mais ils partagent avec les majeurs les mêmes espaces collectifs. Les Maisons d’Arrêt de Sassandra et Bouaflé font exception à cette règle, car les mineurs y sont hébergés dans les mêmes cellules que les majeurs.

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