De ce que les difficultés des traitements pénitentiaires laissent transparaitre, on peut notifier que les conditions indispensables à l’application des méthodes thérapeutiques modernes sont donc loin d’être remplies. Ainsi, les administrations manquent de moyens et se préoccupent avant tout de faire régner la sécurité, car les murs restent élevés et les grilles solides. En entendant la construction de bâtiments salubres, les prisonniers s’entassent dans des édifices vétustes.

Aujourd’hui, on considère le traitement comme terminé non pas lorsque le détenu sort de prison, mais lorsqu’il a donné des gages de sa réadaptation complète par une vie et un travail réguliers. C’est pourquoi l’action entreprise en prison doit être prolongée par l’assistance postpénale. Dans l’idéal, celle-ci devrait prendre fin lorsque la personne libérée a prouvé, par sa conduite, qu’elle n’en a plus besoin. Par ailleurs, il faut noter qu’à leur sortie de prison, les détenus ont souvent beaucoup de mal à trouver un emploi à cause de la méfiance que les éventuels employeurs éprouvent à leur endroit.

En fait, la plupart des systèmes pénitentiaires actuels représentent une transition entre les systèmes classiques, dominés par la volonté de punir et de faire peur, et les méthodes modernes de rééducation. L’empreinte du passé est en encore profond. Car d’une part, les efforts de modernisation se heurtent au manque de crédits et, d’autre part à l’esprit de routine qui anime souvent les administrations des prisons, et aussi à l’indifférence de l’opinion publique. En matière pénitentiaire, on peut dire qu’il existe dans le monde entier (hormis quelques rares exceptions : pays scandinaves et dans une moindre mesure Grande-Bretagne, États-Unis, Suisse) un décalage de près d’un siècle entre la science ou la doctrine et les réalisations pratiques.


Ainsi, telles sont les limites des traitements modernes, qui ne surmontent pas toutes les difficultés posées par l’incarcération, bien qu’ils témoignent d’un net effort pour réintégrer les anciens prisonniers à la vie sociale. La prison conserve sa triple fonction d’exclusion, de réparation et de dissuasion même si les spécialistes s’accordent à reconnaître que nombre de condamnés sont en fait, à des degrés divers, des malades qu’il faut soigner.

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