Disparités de régimes pour des peines équivalentes

Tout traitement pénitentiaire de longue durée doit commencer par l’observation systématique des détenus, qui permet de les classer selon leur âge, leur état de santé, leur personnalité et leurs possibilités de réadaptation. Cet examen détermine la répartition des condamnés qui seront ensuite transférés dans leur lieu définitif de détention. Or, on sait que certaines prisons connaissent des règlements plus durs que d’autres. Il y aura donc forcément des disparités entre les régimes auxquels seront soumis des condamnés ayant à subir des peines équivalentes. Une autre difficulté concerne la composition des groupes de détenus : faut-il préférer une population de gens ayant les mêmes caractéristiques (de personnalité, de réadaptabilité) ou une population hétérogène plus proche de la réalité sociale ?

D’autres formes de disparités carcérales

De nos jours, les pénologues considèrent le travail comme un facteur important de resocialisation. Ainsi, le travail devrait apprendre au prisonnier à mener une vie régulière, à valoriser l’effort et à subvenir à ses besoins, tout en s’assurant quelques revenus. En fait, le travail en prison est la plupart du temps fort mal organisé et dépourvu de tout caractère formateur. En outre, il est souvent mal payé, ce qui conduit les détenus à s’interroger sur l’intérêt des tâches qu’ils accomplissent. L’instruction primaire ou secondaire, qui fait également partie de la thérapeutique, est, normalement le complément de la formation professionnelle, mais les prisonniers ne sont pas toujours autorisés à en bénéficier. On doit aussi enseigner au détenu à utiliser ses loisirs (sports, lecture, bricolage…). Malheureusement,  tous les établissements pénitentiaires ne sont pas dotés d’une aire de jeu. La promenade en rangs par deux et en silence dans une cour minuscule constitue la triste réalité de beaucoup de prisons, trop vétustes.

La pénologie moderne estime enfin qu’il faut que les prisonniers se sentent relier à l’extérieur, qu’ils doivent en particulier être tenus au courant des évènements qui ont lieu dans le monde. Cependant, ils n’ont pas la plupart du temps la possibilité d’écouter la radio ou de regarder la télévision ; les journaux sont sélectionnés ; les bibliothèques ne renouvellent pas leurs stocks, et la qualité des ouvrages offerts est parfois sujette à caution. Les détenus devraient également rester en contact avec leur entourage et particulièrement avec leur famille (lettres, visites, voire sorties) ; le courrier est censuré ; les visites à heures fixes créent des files d’attente si longues qu’elles dissuadent d’autres de revenir. La marge qui sépare tout ce que l’on devrait faire de ce qui est fait en réalité est donc grande.

Le personnel pénitentiaire et la population carcérale


L’exécution des programmes de rééducation est confiée à des spécialistes : psychologues, psychiatres, sociologues, éducateurs qui renforcent l’action des médecins et des aumôniers. Mais, ils sont en nombre insuffisant et, de ce fait, leur action est souvent négligeable. Quant au personnel de surveillance, elle présente encore trop fréquemment l’image traditionnelle du garde-chiourme (gardien de prison). On s’efforce d’améliorer le recrutement du personnel, mais celui-ci est d’autant plus difficile que les salaires proposés sont généralement bas. Par ailleurs, le problème des locaux notamment le surpeuplement et les installations sanitaires a été étudié par les pénologues. Aujourd’hui, ceux-ci préconisent l’édification de bâtiments où les locaux de détention (concentrés ou dispersés en pavillons) se trouvent réunis et dotés d’un confort minimal, les services administratifs et les services généraux (cuisine, lingerie, etc.), les parloirs, les cours de promenade, les terrains de sport, les locaux destinés aux loisirs et les ateliers. Dans ces types de prisons, la surveillance se fait par circuit intérieur de télévision et commandes à distance. Mais, de telles prisons peuvent avoir un caractère quelque peu angoissant pour le détenu qui a l’impression de vivre dans un univers déshumanisé.

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